• Un stress excessif rend les cellules immunitaires hyperactives

    Des chercheurs viennent de montrer qu’un stress intense et régulier modifiait l’expression des gènes présents dans les globules blancs. Ces cellules modifiées sont alors sujettes à des réactions immunitaires excessives pouvant conduire à une inflammation.

    Par Agnès Roux, Futura-Sciences

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    Un stress excessif rend les cellules immunitaires hyperactives

     

      

    À petites doses, le stress est bénéfique et fournit l’énergie nécessaire aux organismes pour affronter les difficultés quotidiennes. Cependant, si les problèmes durent trop longtemps, le stress devient néfaste. Il peut agir sur le système nerveux sympathique qui contrôle un grand nombre d’activités inconscientes, telles que le rythme cardiaque et la contraction des muscles lisses. Selon une étude récente, les personnes trop angoissées auraient au moins deux fois plus de risque d’être victimes d’une crise cardiaque. Cependant, les mécanismes par lesquels le stress impacte la santé restent encore mystérieux.

    Des chercheurs de l’université d’État de l’Ohio se sont intéressés à l’effet du stress chronique sur le système immunitaire. Leurs résultats, publiés dans la revue Pnas, montrent qu’il agit directement sur l’expression des gènes des globules blancs et conduit à des réactions de défense exacerbées. Cette immunité démesurée pourrait augmenter le risque de problèmes cardiovasculaires, d’obésité et de diabète.


    Le stress ne doit pas être tu, sinon il tue. Les personnes anxieuses qui craignent des conséquences sur leur santé n'ont pas tort : elles ont au moins deux fois plus de risque de faire une crise cardiaque. ©

    Quatre fois plus de globules blancs chez les souris stressées

    Pour cette étude, les chercheurs ont analysé l’effet du stress chez la souris, grâce à un modèle comportemental bien établi. Tout d’abord, plusieurs mâles ont été introduits dans une cage afin qu’une hiérarchie se construise. Les auteurs ont alors placé dans cette communauté un autre mâle au caractère agressif pendant deux heures. Ils ont répété cette opération plusieurs fois, et ont ainsi créé un stress chez les rongeurs« À la fin de l’expérience, les souris étaient dans un état de stress chronique », explique John Sheridan, le directeur de cette étude.

    La moelle osseuse des souris produit des milliards de globules rouges et blancs chaque jour. Des résultats précédents ont montré qu’en cas de stress, ce phénomène était biaisé et que les globules blancs naissaient plus actifs que prévu. En d’autres termes, les cellules immunitaires des souris stressées sont trop productives et peuvent endommager les tissus sains de l’organisme.

    Pour comprendre le phénomène, les chercheurs ont tout d’abord comparé le nombre de globules blancs présents chez des souris normales à celui de rongeurs stressés. Leurs résultats sont sans appel : le stress multiplie par quatre le nombre de cellules immunitaires dans le sang et la rate.

    Chez la souris comme chez l’Homme le stress brusque l’immunité

    Dans un deuxième temps, les auteurs ont analysé et comparé l’expression des gènes de globules blancs chez les deux types de souris. Ils ont alors trouvé chez les animaux angoissés 3.000 gènes différemment exprimés, dont une grande partie est impliquée dans les réactions inflammatoires. Ces résultats démontrent que les cellules immunitaires des rongeurs stressés possèdent un équipement génétique favorable à l’inflammation. « Des études précédentes ont montré un lien entre le stress et l’inflammation, et nos travaux confirment cette association au niveau génétique », indique le chercheur.

    Pour finir, les scientifiques ont effectué des tests chez l’Homme. Ils ont analysé des échantillons sanguins provenant de personnes ayant des statuts socioéconomiques jugés plus ou moins stressants. Ils ont alors identifié 387 gènes ayant une expression différente en fonction du niveau d’anxiété. Près d’un tiers de ces gènes étaient identiques à ceux trouvés lors de l’analyse chez la souris stressée. « Cette expérience montre qu’en ce qui concerne la réponse au stress, la souris et l’Homme ne sont pas si différents », conclut le scientifique.